Souveraineté politique et monétaire dans l’espace CEDEAO : « Le moment est venu de réfléchir à des alternatives crédibles au franc CFA », selon le Premier ministre
Participer à la réflexion sur la souveraineté monétaire et l'indépendance politique des pays de la CEDEAO, tel est l'objectif de cette importante rencontre.
Le Premier ministre a fait savoir que le problème de la monnaie et de la souveraineté monétaire est aujourd’hui d’actualité, au sein de la jeunesse.
« La génération de nos parents et de nos grands-pères ne s’y intéressait pas tellement, mais la jeunesse africaine actuelle, surtout francophone, en a fait son cheval de bataille. », a-t-il laissé entendre.
Pour lui, l'échange et la monnaie sont intimement liés.
"Dès lors qu'on parle d’échange, on parle de monnaie. Je pense que parler de l'invention de la monnaie est un abus de langage. C'est comme si on prétendait qu'avant l'invention de la voiture automobile, il n'y avait pas de moyen de déplacement. Alors que chacun sait que le premier moyen de déplacement de l'homme ce sont ses jambes," a-t-il fait savoir.
Il a par ailleurs, souligné que les échanges se faisaient auparavant sous une autre forme, c'est dire le troc.
« Avant la pièce de monnaie, le billet de banque et la monnaie scripturale, il y avait le troc. C'était une autre forme de monnaie par laquelle les partenaires d'échanges, s'entendent sur des équivalents, et c'est sur cette même base que la monnaie est créée. On peut donc dire que le troc est la première monnaie de l'humanité, et de nos jours, le troc survit toujours et a même tendance souvent à reprendre de la vigueur », a-t-il ajouté.
Le Chef du gouvernement a également expliqué que, dans le cas du troc, celui dont les produits sont périssables est dans une situation de fragilité par rapport à celui dont les produits sont solides.
« Celui qui veut échanger des fruits ou des produits maraîchers non transformés contre des meubles, des tissus ou des ânes est dans une situation d'infériorité », a-t-il fait comprendre
A son avis, celui dont la monnaie est basée sur des produits sur lesquels il n'a pas de contrôle sur le marché ne peut pas non plus avoir le contrôle de sa monnaie.
« Nos produits sont principalement constitués de matières premières minérales, comme l'or, l'uranium, l'étain, le manganèse, le pétrole pour ceux qui en ont, et aussi de matières premières agricoles, comme le cacao, le coton, l'anacarde, les amandes de karité. Mais non seulement nous ne sommes pas les seuls à les produire, donc nous n'avons pas la maîtrise sur les quantités à produire, mais encore, nous n'en maîtrisons pas les prix sur les marchés internationaux. Les prix sont fixés à Paris, à Londres ou à New York. Ils peuvent baisser ou monter au gré du marché.", a expliqué Dr Kyélèm de Tambèla.
Et le Premier ministre de soutenir : « Aujourd'hui, c'est le 4 septembre, jour d'anniversaire de la reconstitution de notre pays. En effet, le 4 septembre 1947, la Haute Volta, qui avait été démantelée, a été reconstituée. Vu les compétences affirmées des participants à cette conférence, il est permis de croire que des pistes crédibles seront dégagées pour une issue heureuse aux problèmes monétaires dans la sous-région. Ainsi, le 30 septembre pourra être célébré comme jour d'anniversaire, le jour de la renaissance de notre souveraineté monétaire ».
Pour le Directeur exécutif du Centre d'Analyse des Politiques Économiques et Sociales (CAPES), Dr Victor Sanou, la conférence internationale s’inscrit dans un élan de nourrir avec courage, peu importe le prix à payer, le débat dans un cadre scientifique, loin des arguments populistes, avec méthodes et minuties.
Plusieurs problématiques seront débattues à cette conférence sous forme de panels par d'éminents chercheurs tels que le Pr Idrissa Ouédraogo du Burkina, le Pr Mahamoudou Koulibaly de la Côte d'Ivoire et le Pr Kako Nubukpo du Togo.